MAHAVISHNU ORCHESTRA BIRDS OF FIRE (1973)

Si je devais citer sans réfléchir un disque de référence pour le jazz-rock ou jazz fusion, sans aucune hésitation ce serait celui là.
C'était la grande époque des mélanges de style et déjà le line-up est époustouflant de diversité.
Mc Laughlin a déjà une longue carrière et de solides références, il a jammé avec Hendrix, enregistré avec Miles Davis, joué avec Lifetime, Jerry Goodman tenait le violon, dans Flock, mais les autres membres sont issus de la scène jazz.
Pourtant, le mélange des instrumentistes donne naissance à une alchimie qui ressemble plus à un groupe de rock, et dès les premiers coup de gong de Billy Cobham, et l'introduction du thème de Birds of Fire, on pressent que les musiciens vont explorer des terres inconnues.
La batterie justement, puissante, lourde, omniprésente, Cobham est majestueux tout au long des morceaux, et puis l'idée de génie, associer la guitare, le violon et les claviers, chacun intervenant, dialoguant, et jamais le mot fusion n' a été mieux employé.
La technique des musiciens est impressionnante, mais elle se met au service de la collectivité (chose très rare dans ce genre de musique où chacun tire la couverture à lui.
Le premier morceau est quasiment la signature du groupe, résumé en à peine six minutes, ensuite, on retrouve Miles Beyond, de construction plus classique mais toujours avec ce foisonnement des solistes.
Celestial Terrestrial Commuters est un échange virtuose entre John et Jerry qui laisse imaginer de furieuses improvisations en live.
Et autre idée de génie l'introduction des synthés, qui permet d'ouvrir la porte à de nouveaux sons.
Mc Laughlin est le leader incontesté, et le mélange des influences de Miles et Jimi, combiné à une culture harmonique phénoménale le hisse au sommet.
La complexité de la musique est évidente, pourtant, à l'écoute tout semble facile, coulant de source, comme une évidence, la virtuosité de chacun se mettant au service de la communauté.
Chaque morceau est différent dans sa composition , pourtant l'ensemble du disque est d'une cohérence incroyable.
Ainsi, le violon de Goodman s'envole dans Hope, mais ce morceau, d'essence plus classique, s'insère parfaitement avant les roulements de tambour et l'introduction de One World qui le suit, Cobham alliant subtilité et puissance sur ses fûts.
L'importance de cet oeuvre est considérable, des grands guitaristes de rock (Santana, Jeff Beck) seront profondément influencés par les chemins ouverts, et Carlos ouvrira pour le Mahavishnu aux USA avant de le rejoindre ensuite.
Beck avec Blow by Blow et Wired explorera aussi les idées de MO.
La sortie de ce disque sonnera le début de la fin de cette formation, le LP suivant (The Lost Trident Sessions) restera inédit jusqu'en 1999, le groupe explosant, après la sortie du live Between Nothingness and Eternity témoignage indispensable en live de cette période.
Mc Laughlin montera ensuite des formules similaires avec d'autres musiciens (Jean-Luc Ponty) mais ne parviendra jamais à retrouver la magie de cette première formation.

Clairement l'une des meilleures réussites de John dans un contexte jazz rock - même si je trouve que l'album présente quelques aspects du genre que je n'apprécie moins (la virtuosité gratuite commence à faire son apparition, ce qui n'est jamais le cas lorsqu'il joue avec Miles).

Je te rejoins sur un autre point : l'importance de McLaughlin comme guitariste dans les années 70. Sans lui, Beck et Santana n'auraient certainement pas joué tout à fait la même musique.